C’était dans ses moments là que Næstra était heureuse d’être à moitié ange : elle avait besoin de moins de sommeil qu’un humain lambda. Depuis 72 heures qu’elle était debout, elle n’avait pas fermée l’œil une seule fois.
L’incendie qui s’était déroulé au MET avait fait de nombreux morts, mais il y avait des survivants à panser.
Cependant, les autorités comme les blessures laissaient penser que l’incendie était d’origine criminelle et n’avait été déclenché que pour dissimuler une prise d’otage ayant mal tournée.
L’enquête était cependant trop récente pour qu’aucunes conclusions ne puissent être raisonnablement prises.
Næstra franchit une fois de plus la porte des toilettes pour femmes, s’étant rincée le visage pour se rafraichir.
Sous sa blouse blanche de médecin, Næstra portait un débardeur et un jean sombre, et elle avait retirée sa montre depuis la 36ème heure. Des cernes étaient apparus sous ses yeux quelques heures auparavant.
Sous regard bienveillant était las, mais continuait de briller tant Næstra était heureuse de pouvoir apporter son aide aux autres.
Marchant vite, Næstra rejoignit le docteur Cordier. C’était le médecin en chef de l’hôpital, une femme vieillissante aux cheveux grisonnant, dont la sagesse et la bonté d’âme impressionnait Næstra. C’était la seule humaine a avoir tenue jusque là, les autres n’ayant pas tenu plus de 60 heures.
- Alors madame ?
- le numéro 13 c’est réveillé.
- Je m’en occupe. Allez vous reposer un peu.
Laissant la vieille femme s’assoir sur le banc, Næstra parti au petit trop jusqu’à la chambre du n°13.
Entrant dans la chambre, son ouïe améliorée saisit les quelques mots que murmurait l’homme.
«Excusez-moi... Est-ce que... De l'eau s'il vous plaît...»
Parcourant rapidement la salle du regard, Næstra vit qu’un verre d’eau avait été préparé pour le patient, et s’en saisit avant de lui tendre. Relevant le haut du lit d’hôpital du n°13, en faisant un dossier, elle aida l’homme à boire.
- Sa va mieux ? demanda l’hybride de sa voix douce, prête à lui resservir un verre s’il en formulait la demande.
Une fois le patient réhydraté, Næstra se contourna le lit, se saisissant du bloc-notes accroché au bout du lit, elle le consulta rapidement.
Rick Stevene, 17 ans, traumatisme crânien moyen et morsure au cou.
Arrivé à l’hôpital inconscient, il avait reçu quelques visites, mais personne n’était actuellement là pour le soutenir.
C’était Arahan qui l’avait trouvée lors de son arrivée sur place, et avait veillée sur lui jusqu’à l’arrivée de l’ambulance.
Raccrochant le dossier du patient, Næstra revint à son chevet.
Prenant une petite lumière, elle testa la réactivité des pupilles. Bonne, c’était plutôt rassurant.
- Comment vous sentez-vous ? interrogea Næstra doucement, de peur que le timbre de sa voix ne brusque Rick. Vous souvenez-vous que quelque chose avant votre arrivée ici ? Savez-vous au moins où vous ête ?

Rick sembla hésiter avant de répondre à Næstra.
«Heu... J'ai un affreux mal de tête et j'ai l'impression d'avoir des ecchymoses partout sur le corps puisqu'il me fait un peu souffrir, mais sinon ça va.»
Concluant sa phrase par une quinte de toux, il poursuivit :
«Je me rappelle d'avoir été à un bal et d'avoir dansé avec une fille, mais ensuite c'est le noir... Donc, j'imagine que dans mon état, je suis à l'hôpital, mais je n'ai aucune idée de combien de temps j'ai passé ici...»
Reposant la petite lumière sur le chariot médical, Næstra sorti sa montre de sa poche.
Elle aussi avait perdu la notion du temps avec les événements récents, et elle avait besoin de la petite horloge numérique pour connaitre le jour.
- Nous sommes le 28 Décembre, cela fait trois jours que vous êtes ici, déclara Næstra en rangeant le petit objet. Vous n’êtes plus sous morphine, cela vous empêchant de vous réveiller. Si vous le voulez, je peux vous en injecter une faible dose. Je pense cependant que le repos reste la meilleure façon de récupérer.
Næstra était plutôt heureuse, son patient s’en étant sortit mieux que la plupart des autres. Il ne gardait aucun souvenirs de l’attaques des démons, ainsi ne risquait-il pas de représailles, ni de dépression pour avoir vu le vrai visage du mal. Deux des survivants c’étaient fait enfermés pour avoir parlé de vampires et de démons, tandis qu’un autre s’était déjà pendu avec sa perfusion.
Lui avait peut-être une chance de s’en remettre.
Næstra s’assit sur une chaise dans un coin de la pièce, massant ses yeux de ses doigts. Elle n’en pouvait plus. Avant même le Bal d’Argent, les Sœurs du Crépuscule avaient déjà eut fort à faire avec l’arrivée des démons pour les fêtes de Noël.
Combien de temps, cinq jours que Næstra n’avait pas dormi ? Peut-être même plus.
Même sa constitution de demi-ange avait ses limites.
- Êtes-vous aller au Bal avec des amis ou des connaissances ? demanda-t-elle, ayant peur de la réponse.
Rick aurait probablement perdu des proches dans le Massacre, mais elle devait tout de même savoir. Cela permettrait peut-être d’identifier certains des corps brulés.

La jeune infirmière reposa sa lumière et sortit quelque chose de sa poche. Elle rangea ensuite le petit objet, que Rick n'arriva pas à identifier sur le coup, avant de lui dire :

- Nous sommes le 28 Décembre, cela fait trois jours que vous êtes ici. Vous n’êtes plus sous morphine, cela vous empêchant de vous réveiller. Si vous le voulez, je peux vous en injecter une faible dose. Je pense cependant que le repos reste la meilleure façon de récupérer.

Trois jours ! Rick n'aurait jamais pensée avoir été blessé au point de rester dans un espèce de coma pendant trois jours ! Mais au moins, il était maintenant réveillé et il allait tout de même bien, si on prenait en compte les gens qui étaient morts à cette soirée qui aurait dû être magique, pas catastrophique...

Il suivit l'infirmière des yeux alors qu'elle allait s'asseoir sur une chaise dans le coin de la pièce en se massant les tempes. Elle semblait épuisée, mais elle faisait tout de même son travail... Heureusement, sinon ils auraient manqués de personnel avec tous les blessés qu'il y avait eu au Bal. Après quelques minutes, elle releva doucement la tête et dit au jeune homme :

- Êtes-vous aller au Bal avec des amis ou des connaissances ?

«Heu... J'y étais avec une très bonne amie, une jeune femme blonde nommée Sanders. Là-bas, j'ai rencontré deux autres amies, Barbara et Kaira, deux autres jeunes femmes blondes...»

Il prit ensuite une pause, se mettant soudain à paniquer. Sanders ! Barbara ! Kaira ! Est-ce qu'elles allaient bien ? Avaient-elles été blessées, ou pire encore, tuées ? Ces pensées devinrent bien vite inssuportables pour Rick et il tenta de s'asseoir dans son lit pour voir de qui venaient les fleurs et pour tenter de trouver son téléphone. Il n'arriva toutefois pas à s'asseoir complétement et il retomba lourdement dans son lit, épuisé... Merde !

«S'il vous plaît, dites-moi qu'elles n'ont rien ! Dites-moi qu'aucune de ces trois femmes ne sont ici, à l'hôpital, ou à la morgue ! Je vous en pris !»

Une larme coula sur la joue de Rick alors qu'il n'arrivait pas à ne pas penser au pire. Si jamais Sanders avait été tué, il ne s'en remettrait jamais, ce serait comme predre une autre petite soeur ! Et si Barbara était morte ? Et si c'était Kaira ? Merde ! Une autre larme roula silencieusement sur sa joue alors qu'il souhaitait de tout son coeur que les trois femmes de sa vie ne soient pas blessées ou mortes...

«Heu... J'y étais avec une très bonne amie, une jeune femme blonde nommée Sanders. Là-bas, j'ai rencontré deux autres amies, Barbara et Kaira, deux autres jeunes femmes blondes...»
Rick se mit à paniquer. Ses pensées devaient affluer dans son cerveau, alors même qu’il devait envisager les probabilités que ses amies s’en soient sorties vivantes. Il tenta de s’assoir, mais retomba mollement.
«S'il vous plaît, dites-moi qu'elles n'ont rien ! Dites-moi qu'aucune de ces trois femmes ne sont ici, à l'hôpital, ou à la morgue ! Je vous en pris !»
Une larme coula sur sa joue, puis une autre.
Næstra s’était levée dès que son patient commençait à s’agiter, se rapprochant de lui malgré sa propre fatigue.
- Calmez-vous, commença-t-elle, regrettant d’avoir posé la question des connaissances trop tôt. Lui prenant le bras pour le rassurer, elle continua : Je vais aller me renseigner, je reviens tout de suite.
Comment lui dire ?
Si elle avait accès à la liste des blessés de cet hôpital, Næstra ne l’avait pas pour les autres ; et la majorité des morts n’avaient put être identifiés, tant ils étaient brûlés.
Sortant à grand pas, elle se dirigea vers la liste de patients, ne s’occupant que de quinze d’entre eux.
Cherchant rapidement les Sanders, Barbara et Kaia, Næstra ne découvrit qu’une unique Barbara Flowers, une comateuse stabilisée aux signes cérébraux étranges. Ni de Sanders, ni de Kaia.
Se dirigeant de nouveau vers la chambre du Numéro 13, elle tourna et retourna l’information dans sa tête ; même s’il était peu probable que l’amie de Rick et la Barbara comateuse ne soit qu’une seule et même personne, que dirait-elle si c’était le cas.
Mlle Flowers était stabilisée, sa vie n’étant plus en danger, mais quelque chose clochait dans ses signes cérébraux, et Næstra comme d’autre pensait qu’elle n’avait aucune raison de se réveiller.
Tuer un démon était relativement facile face à annoncé à quelqu’un qu’un de ses proches était sur le seuil de la mort.
On en revenait à « Comment lui dire ? ».
Næstra entra dans la chambre d’un pas calme qui ne l’était seulement qu’en apparence, puis, d’une voix aussi douce et calme que possible, demanda :
- Comment s’appelaient vos amies ? J’aurais besoin de leurs noms vous répondre.
Essayait-elle de gagner du temps ?
Elle-même n’aurait su le dire, mais elle se savait très bien capable de le faire.
Elle avait déjà eut à annoncer à des gens qu’ils allaient mourir, elle en avait même condamné certains –mais jamais dans le cadre de son travail. Jusque là, tous ses patients d’en étaient sortis.
Finalement, après un petit instant d’hésitation où elle se mordit les lèvres, Næstra reprit :
- Nous n’avons ni de Sanders ni de Kaia ici, mais nous avons une Barbara ; Barbara Flowers.
Il n’y avait plus qu’à attendre la réaction de Rick, et y réagir en conséquence.

L'infirmière s'était rapidement rapprochée du blessé qui s'agitait, de plus en plus inquiet et paniqué. Elle lui pris doucement la main dans un geste rassurant tout en lui disant de se clamer, qu'elle allait aller vérifier la liste des patients. Rick fit donc un gros effort pour cesser de se débattre et pour se calmer tant que la dame ne reviendrait pas avec des informations qui justifieraient son agitement. Il eut l'impression qu'elle fut parti pendant des années, mais quand elle revint, il n'en fut pas tellement soulagé...

En effet, elle semblait presque inquiète. Avait-elle des mauvaises à lui annoncer ? Merde ! Rick se mit à jouer nerveusement avec ses doigts tout en tâchant de ne pas se faire mal tout seul en attendant que l'infirmière n'ouvre enfin la bouche. Finalement, elle prit enfin la parole, sa voix calme et posée ne rassurant en rien son patient :

- Comment s’appelaient vos amies ? J’aurais besoin de leurs noms vous répondre.

Rick aurait bien voulu répondre, mais il avait la vague impression qu'elle tentait de gagner du temps afin d'éviter de lui dire quelque chose qu'elle n'avait pas envie de lui annoncer. Il continua donc de jouer nerveusement avec ses pauvres doigts en essayant de garder son calme le plus possible, gardant toujours et encore le silence. Voyant qu'il ne disait rien, elle poursuivit en se mordant la lèvre, geste qui n'échappa pas à Rick :

- Nous n’avons ni de Sanders ni de Kaia ici, mais nous avons une Barbara ; Barbara Flowers.

Barbara Flowers !?! Une nouvelle larme glissa sur sa joue alors qu'il se rendait compte que sa bonne amie avait exactement le même nom. Elle était ici, à l'hôpital ! Elle avait été blessée ! Rick s'agita quelque peu dans son lit, voulant se lever et aller voir comment son amie se portait, mais il se retint, préférant demander l'avis d'un médecin. Et de toute façon, si elle était ici comme patiente, Barbara n'était pas morte, ce qui était déjà une bonne nouvelle. Pour ce qui était de Kaira et de Sanders, il ne savait pas tellement quoi penser, mais bon... Il se renseignerait pour elles plus tard. Pour l'instant, il devait en savoir plus sur Barbara.

«C'est... C'est elle... Comment va-t-elle ?» Demanda-t-il donc d'une voix tremblante alors qu'il ne pouvait s'empêcher de craindre le pire pour la jeune femme.

Une nouvelle larme glissa à la mention du nom de Barbara Flowers.
«C'est... C'est elle... Comment va-t-elle ?»
La voix de Rick était tremblante.
Næstra savait qu’elle devait dire la vérité, mais elle ne savait pas si cela rassurerait Rick.
Elle n’observait pas les humains depuis longtemps, ayant passé une partie du XXème siècle, alors que les humains s’entretuaient, à la recherche de son père, puis était retournée dans le Défilé. Elle n’était revenue que récemment, ayant découvert un message d’Athel Loren lui commandant de vers infiltrer New York.
- Elle est dans le coma, et sa vie n’est plus en danger. Cependant, il y a quelque chose d’anormal dans ses scanners cérébraux. Si nous n’avons pas de raisons de penser que cela peut lui nuire, nous n’avons pas non-plus de raisons de croire que cela améliore son état. En toute état de cause, nous ne savons pas ce que s’est.
Loin de le rassurer, Næstra avait au moins été franche. Enfin, pas tout à fait. Elle avait déjà vu ce genre de schéma, sur des êtres capables de devenir éthérés. Donc si elle en croyait les signaux, Barbara n’était pas dans son enveloppe. Mais comment expliquer cela à un mortel n’ayant pas connaissance de la vérité.
Aucun moyen.
Næstra soupira intérieurement. Elle devait savoir s’il était conscient de la vérité.
- Vous souvenez-vous de ce qui lui est arrivé ? Était-elle accompagnée ? Discutait-elle avec quelqu’un que vous qualifieriez d’étrange ?
Toutes ces questions n’étaient pas très futiles, mais si elles trouvaient réponses, les Sœurs du Crépuscule risquaient fort d’avoir de la traque à faire dans les prochains jours, et Næstra ne savait pas si elle allait tenir.
Mais pour l’instant, c’était Rick dont elle devait s’occuper, pas un démon.
Elle s’assit pour écouter ce que l’humain savait, sans trop savoir à quoi s’attendre.
Peut-être aurait-il été mieux pour sa santé mentale que Rick n’eut rien vu, étant parmi les premiers blessés, mais cela était peu probable ; il serait mort s’il avait été prit à l’apéritif.
Maintenant, comment considérait-il la situation, s’il savait effectivement quelque chose ?
Næstra avait un moyen simple de le savoir, même si elle n’aimait ni le principe ni le risque que cela engendrait.
Discrètement, elle commença à manipuler les plantes dans leurs pots, toutes leurs têtes se tournant délicatement vers elle.
Si Rick le remarquait mais restait silencieux, il savait. S’il l’interrogeait, demandant si elle voyait également le mouvement des plantes, il ne savait rien. En ce cas, il suffirait de faire semblant de le traiter contre des hallucinations.
Il y avait des risques pour les deux parties : elle d’être découverte et lui de devenir aliéné. Cependant, le jeu en valait la chandelle, ou tout du moins Næstra l’espérait.

La jeune infirmière semblait comprendre le malaise de Rick, mais elle semblait aussi être nerveuse. Elle avait sûrement de mauvaises nouvelles, sinon pourquoi serait-elle nerveuse si elle était sur le point d'annoncer une bonne nouvelle à l'adolescent ? Rick craignait le pire pour son amie, mais il ne voulait pas que ça paraisse trop, alors il se contenta de continuer à jouer avec ses doigts, jusqu'à ce qu'elle prenne la parole :

- Elle est dans le coma, et sa vie n’est plus en danger. Cependant, il y a quelque chose d’anormal dans ses scanners cérébraux. Si nous n’avons pas de raisons de penser que cela peut lui nuire, nous n’avons pas non-plus de raisons de croire que cela améliore son état. En toute état de cause, nous ne savons pas ce que s’est.

Merde ! Le coma ! Depuis trois jours, ce qui était très peu, mais ils ne savaient pas ce qu'elle avait ! Comment la soigner s'ils ignoraient de quoi elle souffrait ? Rick était de plus en plus inquiet du sort qu'avaient subi Sanders et Kaira... S'en étaient-elles sorties intactes ? Avaient-elles été blessées ? Avaient-elles été tuées ? Il espérait de tout coeur qu'elle allaient bien, mais comment en être ? Il ne pouvait visiblement pas sortir de cet hôpital, encore moins rendre visite à qui que ce soit, alors comment se renseigner si l'infirmière elle-même en était incapable ?

- Vous souvenez-vous de ce qui lui est arrivé ? Était-elle accompagnée ? Discutait-elle avec quelqu’un que vous qualifieriez d’étrange ? Demanda-t-elle soudain, le sortant de ses pensées.

Quelqu'un d'étrange ? Si par étrange elle voulait dire "des gens qui sautent sur les gens et les mord en plein dans le cou, ou ailleurs pour certains, et qui ont des pouvoirs irréels" alors oui, il l'avait vu avec quelqu'un d'étrange... Une jeune femme aux cheveux bruns, la même qui l'avait sauvé, s'il se rappelait bien, qui se déplaçait trop rapidement pour être humaine. Mais pouvait-il vraiment en parler ? Il risquait de se faire envoyer à l'asile, simplement pour raconter ce qu'il avait vu, non ?

Soudain, Rick tourna la tête, attiré par un léger mouvement, et se rendit compte que des les plantes et les fleurs qui se trouvaient sur la table de chevet à côté de lui bougeaient, toutes semblant s’orienter vers l'infirmière... Merde ! Soit il était complètement fou, soit l'infirmière était un genre de vampire, comme au Bal. Et dans les deux cas, il était assez mal foutu ! Il choisit donc de se taire et de feindre de n'avoir rien vu de spécial, comme ça il s'éviterait des ennuies avec la femme médecin et avec les psychologues de l'aile psychiatrique...

«Heu... Je ne me rappelle pas de grand chose en fait... Elle est arrivée seule je crois, mais elle semblait connaître quelques personnes là-bas. J'ai dansé avec Kaira, mais ensuite, tout devient flou...»

Il était assez bon menteur pour que l'infirmière ne se doute pas qu'il mentait, mais c'est seulement quand il eut terminé de parler qu'il se rendit compte qu'il fixait toujours les fleurs du coin de l'oeil, à la recherche d'une explication logique pour se prouver à lui-même qu'il n'était pas fou, ou qu'au contraire, il n'était bon que pour l'asile... Il détourna donc le regard des fleurs pour le reposer sur ses doigts qui s'entrelaçaient toujours nerveusement, comme si de rien n'était. Est-ce qu'elle l'avait vu regarder les plantes ?

Rick avait remarqué les mouvements des fleurs, bien qu’il fit mine de ne pas l’avoir remarqué.
Næstra sourit intérieurement, il savait.
«Heu... Je ne me rappelle pas de grand chose en fait... Elle est arrivée seule je crois, mais elle semblait connaître quelques personnes là-bas. J'ai dansé avec Kaira, mais ensuite, tout devient flou...»
Il mentait bien, même trop bien, mais ses yeux le trahissait : il ne parvint pas à quitter les plantes des yeux avant d’avoir terminé sa phrase, et s’il n’avait regardé les plantes que du coin de l’œil, les sens d’Hybrides de Næstra avaient parfaitement saisis la direction du regard de Rick.
Même s’il se taisait, il savait.
Mais comment lui faire admettre sans le brusquer ou lui révéler la véritable nature de Næstra ?
Arahan n’aurait pas hésitée à faire montre de ses dons, qu’importait la réaction de l’autre.
Il était stressé, regardant ses doigts se tortiller nerveusement.
Næstra soupira, souriant. C’est avec une attitude bienveillante qu’elle parti fermer la porte, isolant la chambre 13 du couloir.
Ils étaient tranquilles.
S’assaillant au chevet de Rick, après avoir tirée la chaise du coin de la pièce, Næstra le regarda intensément.
Durant tous ses déplacements, le regard des plantes ne l’avait pas quitté, ne tentant même plus de se dissimuler.
- Les yeux sont les fenêtres de l’âme, murmura la brune, et si votre bouche me ment, vos yeux m’en révèle plus sur votre vérité. Parlez sans crainte, Rick Stevene. Je suis ici pour vous aider.
Næstra se voulait aussi bienveillante et rassurante que possible, se qu’elle parvenait magnifiquement à faire, tant il était naturel pour elle d’aider les autres.
Elle était prête à écouter toutes les inepties qui sortiraient de l’esprit de son patient, voir même à l’éclairer sur la vérité céleste.
Rick était sur le point de découvrir ce qui effrayait même les religions, une vérité à la fois cruelle et terrorisante, que seul peu d’élus avaient l’honneur de connaitre. Cela changerait probablement sa vie, mais ce tournant avait déjà marqué l’humain, lors d’un bal où il avait faillit perdre la vie.
Mais allait-il saisir cette dernière chance de découvrir la vérité ?

Rick était toujours aussi nerveux quand la jeune infirmière se leva pour aller fermer la porte de sa chambre. Puis, elle revint s'asseoir près de lui. Zut ! Est-ce qu'elle avait l'intention de le tuer ? Merde ! Peut-être qu'elle était une créature sanguinaire comme toutes les autres et qu'elle allait le vider de son sang ! Il s'affolait de plus en plus quand elle lui dit d'une voix apaisante :

- Les yeux sont les fenêtres de l’âme et si votre bouche me ment, vos yeux m’en révèle plus sur votre vérité. Parlez sans crainte, Rick Stevene. Je suis ici pour vous aider.

Pour Rick, tout était maintenant clair. Elle était probablement de ceux qui tentaient de sauver les humains au Bal, ce qui expliquait qu'elle voulait tant l’amener à se confier sans pour autant vouloir lui faire le moindre mal. Cependant, est-ce qu'il pouvait lui faire confiance et tout lui révéler sans qu'elle ne l'envoie à l'asile ? Était-ce simplement une ruse ? Et si elle était une humaine, peut-être cherchait-elle simplement à l'envoyer avec les fous... Il ne savait plus à qui faire confiance, c'était clair... Il décida toutefois de tenter sa chance, demandant à l'infirmière :

- Vous avez raison, je mens... Je me souviens de quelques détails et je sais que vous êtes là pour m'aider. J'accepte votre aide, à condition que vous ne m'envoyez pas à l'asile pour ce que je dirai...

Peut-être que ce qu'il venait tout juste de dire lui fournirait un aller simple pour l'asile, mais tant pis, il n'aurait qu'à se comporter comme à son habitude sans dire de bizarrerie et ils le laisseraient partir. Cependant, il se surprit à espérer qu'elle pourrait lui dire la vérité...

- Vous avez raison, je mens... Je me souviens de quelques détails et je sais que vous êtes là pour m'aider. J'accepte votre aide, à condition que vous ne m'envoyez pas à l'asile pour ce que je dirai...
Næstra était heureuse, sa patience était récompensée ; elle ne parvint cependant pas à se retenir de rire à la réplique de l’humain. Un rire bref, amusé, sincère ; charmant.
Rick était capable de tenir tête à des démons et il avait simplement peur d’être envoyé chez les fous ?
Næstra tendit la main vers la fleur la plus proche, laquelle grandit pour venir s’enrouler autour de la paume.
- Ne vous en faites pas, je sais que vous direz ce que vous avez vu, et que c’est la vérité, sourit l’Hybride, alors qu’elle-même et la fleur tournaient leurs regards vers Rick. Il est des choses en ce monde que les humains croient chimériques, mais pourtant, même s’il n’a de preuve de leur existence, cela signifie-t-il qu’elles n’existent pas ? Croyez-vous en Dieu, monsieur Stevene ?
Alors que la plante retournait à son pot, Næstra se leva, se dirigeant vers la fenêtre.
Au travers des stores, elle pouvait voir l’agitation de New York, les humains marchant frénétiquement vers leur routine.
- Croyez-vous qu’il existe des anges et des démons ? Croyez-vous qu’ils puissent avoir quittés leurs royaumes respectifs et vivres cachés parmi les humains ? Croyez-vous qu’il puisse y avoir une guerre, derrière le masque rassurant de votre monde ? Après ce que vous avez vu, cela ne devrait pas être trop difficile à croire, n’est-ce pas ?
Næstra vit une voiture de police s’arrêter devant l’hôpital pour laisser une jeune femme blonde sortir de la portière passager.
Elle ne put s’empêcher de sourire. Arahan revenait prendre des nouvelles. Elle aussi n’avait dû être épargnée par l’agitation créée par le Bal d’Argent, néanmoins elle était passée de temps à autre, lorsqu’elle faisait une pause.
Aux vues de sa tenue civile, une chemise à carreau assez débraillée et un jean, elle devait avoir fini son service ; une fois encore.
Les autorités supérieures telles que les FBI et la CIA c’étaient de suite saisis des dossiers concernant le Massacre du Bal d’Argent, ainsi la police de New York n’aveint plus droit qu’à un rôle secondaire. Arahan comme Næstra savait que la scène du Bal avait été nettoyée, de manière assez peu subtile, et que s’il restait des preuves concernant les Immortels et la Guerre Céleste, les anges infiltrés dans les forces d’enquêtes les détourneraient.
Næstra se tourna une novelle fois vers Rick.
- Seriez-vous capable de croire mes dires ou est-ce moi qui suis une aliénée ? demanda l’Hybride de sa voix douce, mettant Rick au pied du mur.